Décrypter l’aide humaine à domicile : définition et bénéficiaires

L’aide humaine à domicile est une prestation ou un accompagnement destiné à soutenir l’autonomie des personnes en situation de handicap. Elle permet d’accomplir les gestes essentiels du quotidien : aide au lever, à la toilette, aux repas, mais aussi soutien pour des démarches administratives ou la participation sociale.

  • Qui peut en bénéficier ? Toute personne, enfant ou adulte, dont le handicap rend difficile l’accomplissement de tâches quotidiennes à domicile. Cette aide est adaptée en fonction du degré de perte d’autonomie et des besoins spécifiques (moteur, sensoriel, psychique, cognitif).
  • Quelles formes peut-elle prendre ? Intervention d’un auxiliaire de vie ou d’une tierce personne, présence d’un aidant familial soutenu financièrement, embauche directe d’un intervenant (aide à domicile), ou recours à un service prestataire agréé.

Selon la Délégation interministérielle à l’autonomie, en 2022, plus de 340 000 personnes percevaient une Prestation de Compensation du Handicap (PCH) pour financer une aide humaine à domicile en France.

Identifier le bon dispositif d’aide humaine 

Différents dispositifs existent, selon l’âge et la situation de la personne en situation de handicap :

  • La Prestation de Compensation du Handicap (PCH) : Principale aide pour les enfants, adolescents et adultes de moins de 60 ans (sauf exceptions). Elle finance les heures d’aide humaine, parfois jusqu’à 24h/24 dans les situations les plus lourdes, selon une évaluation précise.
  • L’Allocation Compensatrice pour Tierce Personne (ACTP) : Évolutionnaires, ces droits peuvent subsister pour certains bénéficiaires historiques (avant 2006).
  • L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) : Pour les personnes de plus de 60 ans en perte d’autonomie. Prise en charge non spécifique « handicap », mais avec des aides humaines intégrées.
  • Majoration pour tierce personne (invalidité) : Pour certains pensionnés d’invalidité ou accidentés du travail selon la reconnaissance du taux d’incapacité.

Il est courant de croiser plusieurs dispositifs dans une même famille, en fonction de l’âge ou de l’évolution de la situation. Pour les enfants, les démarches relèvent surtout de la Maison Départementale des Personnes Handicapées (MDPH), tandis que pour les seniors, le point de départ est le Conseil Départemental via la demande d’APA.

Constituer le dossier : la première pierre de l’accompagnement

Première étape incontournable : déposer un dossier auprès de la MDPH de votre département (ou du Conseil départemental pour l’APA chez les plus de 60 ans). Voici les grandes lignes pour une demande de PCH - le cas le plus fréquent.

Quels documents préparer ?

  • Le formulaire Cerfa 15692*01 (dossier MDPH), disponible en mairie, à la MDPH ou en téléchargement sur service-public.fr
  • Un certificat médical de moins de 6 mois (Cerfa 15695*01), rempli par le médecin traitant, idéalement avec des précisions sur l’impact du handicap dans la vie quotidienne.
  • Un justificatif d’identité et de domicile.
  • Un projet de vie : texte libre permettant d’exprimer les attentes, les difficultés et les besoins concrets. Cette pièce – souvent négligée – est déterminante pour personnaliser l’évaluation.
  • Tous documents complémentaires (bilans spécialisés, attestations scolaires, plans de soins…).

Les délais à prévoir

Selon les chiffres du Défenseur des droits, le délai moyen d’instruction d’une demande PCH est de 4 à 6 mois. Mais des disparités existent selon les départements, certains dossiers complexes pouvant dépasser 8 mois.

L’évaluation des besoins

Après le dépôt, l’équipe pluridisciplinaire de la MDPH réalise une évaluation des besoins, souvent à partir du dossier transmis, parfois avec rendez-vous (visite à domicile, entretien en équipe médico-sociale). Elle chiffre en heures ou en forfait les aides nécessaires selon la grille GEVA.

  • Astuce : lors de ce passage, insistez sur tout geste répété ou difficile, les temps de pause, les activités qui sollicitent un accompagnement non médical, la pénibilité, voire les risques liés à la situation de handicap.
  • L’aidant familial : Vous pouvez demander à ce que l’aide humaine soit réalisée par un proche : parent, conjoint, enfant majeur (même salarié ou étudiant), sous certaines conditions (exclusion du conjoint pour une partie des aides depuis janvier 2023 – voir handicap.gouv.fr).

Faire valoir ses droits et suivre sa demande

La MDPH adresse ensuite une notification de décision – accord ou refus. En cas d’accord, le nombre d’heures et le montant de la PCH sont précisés.

  • Si désaccord ou notification jugée insuffisante : possibilité de recours gracieux dans les 2 mois, puis recours contentieux auprès du tribunal administratif.
  • Pour suivre l’avancée de son dossier : contacter le référent accompagnant, consulter le portail en ligne de certaines MDPH (disponible dans le Var), ou se tourner vers une association locale (APF France Handicap, Unapei, etc.) reconnue pour l’accompagnement des démarches.

Selon une enquête de l’INSEE (2020), près de 60 % des personnes concernées estiment que la durée des démarches reste un frein à la demande d’aide, ce qui accentue l’importance de bien préparer le dossier dès le départ.

Mettre en place concrètement l’aide humaine à domicile

Une fois la décision accordée, reste à organiser l’intervention. Deux modalités principales existent :

  1. Passer par un service prestataire agréé (ADMR, AIDADOMI, UNA, CCAS local…) : vous déléguez l’embauche, la gestion administrative, le remplacement en cas d’absence à la structure.
  2. Embaucher directement votre aide à domicile (emploi direct via CESU handicap, par exemple) : plus grande souplesse sur le choix de la personne, mais gestion administrative à assumer (contrat, paie, déclarations).
  3. L’aidant familial indemnisé : la PCH prévoit cette possibilité dans un cadre précis, définissant la rémunération et la déclaration selon le statut de l’aidant (voir guide complet sur service-public.fr).

Quelques chiffres-clés sur la PCH humaine

  • Le tarif horaire de compensation est fixé à 13,22 € brut/h (2024, Legifrance).
  • La PCH peut être accordée pour un maximum de 24 h par jour, selon la notification des besoins.
  • En 2022, plus de 1,1 milliard d’euros ont été versés au titre de la PCH en France (data.gouv.fr).

Cas particuliers, obstacles et solutions

  • Handicaps invisibles ou fluctuants : Les besoins d’aide humaine ne sont pas toujours reconnus, surtout pour les handicaps psychiques ou sensoriels. S’appuyer alors sur des bilans spécialisés, témoignages d’intervenants, ou l’appui d’associations candidates au soutien dans le montage du dossier.
  • Déménagement hors du département : Pensez à demander le transfert du dossier MDPH pour ne pas interrompre la continuité de l’aide.
  • Non-recours ou refus : Ne pas hésiter à solliciter le Défenseur des droits, la Plateforme Autonomie Solidaire du Var, ou à se rapprocher du réseau des Centres locaux d’information et de coordination (CLIC).
  • Droits européens et voyageurs : Des aides à la mobilité et à l’accompagnement temporaire existent (carte d’invalidité européenne, aide aux déplacements), renseignez-vous auprès de la MDPH ou d’associations nationales.

La vie quotidienne avec une aide humaine à domicile : conseils et bonnes pratiques

  • Dialogue continu : La transparence et la confiance avec l’intervenant à domicile sont essentielles. N’hésitez pas à revoir les plannings ou à ajuster les tâches selon l’évolution de la situation.
  • Parcours de formation : Certains services du Var forment les auxiliaires de vie à des spécificités (autisme, Alzheimer, handicap moteur). Préférez les intervenants ayant ces formations lorsqu’elles existent.
  • Soutien aux aidants : Pensez au droit au répit, à l’accompagnement psychologique, et aux groupes de parole (France Alzheimer var, Association des Paralysés de France).

Pour aller plus loin et être accompagné dans le Var 

À Toulon et dans le département, plusieurs organismes sont là pour informer et guider gratuitement :

  • MDPH du Var : accueil physique, téléphonique et sur rendez-vous, avec possibilité d’accompagnement à la complétude du dossier.
  • Pôles autonomie santé : relai local d’information et d’orientation.
  • Associations de personnes en situation de handicap : pour la défense des droits et l’aide au montage de dossier.
  • Plateforme Autonomie Solidaire 83 : dispositif départemental d’écoute et d’aides pour toutes questions humaines et administratives autour du handicap.
DispositifPublic concernéContact/Infos locales
MDPH du Var Toute personne en situation de handicap, tout âge www.var.fr/mdph – Accueil physique : 45 Avenue du Maréchal Tassigny, Toulon
Plateforme Autonomie Solidaire 83 Toute personne, aidants, professionnels www.autonomie-solidaire.fr – 0 805 386 463 (appel gratuit)
ADMR Var Est, AIDADOMI Toulon, UNA Var Interventions à domicile dans le Var Coordonnées locales sur www.fede83.admr.org, www.aidadomi.fr, www.unavar.org

Ouvrir le champ des possibles pour vivre chez soi, ensemble

Demander une aide humaine à domicile quand on vit avec un handicap, ce n’est pas faire un constat d’échec, mais s’armer pour vivre dignement, sans renoncer à sa place dans la société ni à ses choix de vie. Que l’on soit parent, aidant, sénior, ou concerné à titre personnel, l’environnement local du Var propose des relais solides, prêts à vous accompagner à chaque étape.

La clé d'un accompagnement à la hauteur, c'est souvent l'information et la ténacité — mais aussi la conviction que ce droit s'exerce pour et aux côtés de chacun. S'entourer, partager, demander conseil sont autant de gestes fondateurs pour (re)construire une vie à domicile sereine et active.

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